Comparatif 1000 CFMOTO / TGB / AODES : 3 Outsiders de choc

Quand on pense gros baroudeurs, les marques Can-Am et Polaris viennent naturellement à l’esprit, mais force est de constater que depuis quelques années, cette suprématie est de plus en plus contestée. Si ces marques demeurent des références sur ce segment, TGB, CFMOTO et plus récemment Aodes travaillent d’arrache-pied pour faire progresser leurs baroudeurs, à l’image de CFMOTO qui vient de présenter une nouvelle version de son CFORCE 1000. Une occasion de rassembler ces 3 outsiders du côté de Tonnerre dans l’Yonne, pour une journée menée sur un gros rythme.

En plein essor depuis quelques années, le marque CFMOTO domine le marché du quad français avec des produits qui ne cessent d’évoluer. Le dernier en date, c’est le fer de lance de la gamme, le CFORCE 1000, qui se décline en deux versions S et R. Une sortie qui nous a poussé à le confronter à ses concurrents directs que sont le connu TGB Blade 1000 et le nouvel arrivant, l’Aodes Pathcross 1000. Une confrontation entre 3 gros baroudeurs aux tarifs abordables.

Esthétique

Appréciation tout ce qu’il y a de plus subjective et qui donc ne peut donner lieu qu’à un avis personnel. En ce qui me concerne, j’avoue un faible pour les lignes du nouveau CFORCE, même si dans cette livrée noire, il manque une petite touche de couleur à un autre endroit que sur les anneaux des jantes beadlock. Dans cet esprit, le Blade tire son épingle du jeu, avec une forte dominante noire, mais subtilement rehaussée des touches orange sur le bumper avant, les jantes et les ressorts d’amortisseurs. De son côté, le Pathcross arbore une ligne plus commune et un peu datée, à l’image des feux avant lenticulaires quand les deux autres protagonistes du jour jouent la carte « full LED ». Précisons que ce modèle est équipé d’un kit déco réalisé par Kutvek, qui sera disponible en option à partir de 165 Euros.Maintenant à chacune et chacun de se faire un avis !

Moteur / Transmission

On entre à dans le vif du sujet avec pour les 3 concurrents du jour un bicylindre avoisinant les 1 000 cm3 à injection. En termes de cylindrée, c’est le Blade qui vire en tête avec 999 cm3, suivi du Pathcross avec 976 cm3 et enfin le CFORCE avec 963 cm3. Mais à l’inverse, en termes de puissance, c’est le CFORCE qui s’impose avec 90 ch, devant le Pathcross avec 86 ch et le Blade et ses 83 ch. Autant dire que finalement, tout ce petit monde se tient dans un mouchoir de poche.
Les 3 machines proposent les rapports long et courts ainsi qu’une transmission 4×2 / 4×4 enclenchable associée à un blocage du différentiel avant. Les Blade et CFORCE y ajoutent un différentiel arrière, également blocable. Le frein moteur est présent, mais avec quelques nuances, le Pathcross demandant de garder un filet de gaz pour en bénéficier alors que le CFORCE est lui équipé d’un système de frein moteur électrique. Un véritable plus qui permet d’aborder des pentes même très raide, sans que le quad ne prenne un km/h.

Suspension / Roues

Sans surprise, nous sommes en présence de 3 machines équipées de roues indépendantes. Elles sont reliées au châssis par des triangles superposés sauf pour le Pathcross, qui reprend le même dispositif de bras tirés pour les roues arrière, comme on le trouve sur un Can-Am Outlander dont il s’inspire très largement. Ces roues sont placées sous le contrôle d’amortisseurs à bonbonnes permettant un réglage en compression et en détente sur les 3 quads.
Tous les quads reposent sur des roues de 14 pouces, mais avec quelques spécificités au niveau des jantes. Alors que TGB propose des modèles standards, rehaussées d’une touche de couleur pour l’esthétique, CFMOTO et Aodes met à disposition des modèles Beadlock, certes un peu plus lourdes, mais qui permettent de véritablement descendre très bas en pression sans risque de déjanter (dans la mesure du raisonnable, bien entendu !). Spécificités également pour la taille des pneus, avec du 25 pouces pour TGB, 26 pouces pour Aodes et enfin 27 pouces pour CFMOTO. Des choix différents qui ont des conséquences, comme nous le verrons pendant les essais dynamiques.

Freinage / Direction

Là encore, quelques spécificités sur les différents quads, avec bien entendu le TGB Blade, qui est le seul (pour le moment) à proposer la technologie ABS. Technologie qui permet bien entendu de contrôler le blocage des roues, mais qui apporte également une différence de taille au niveau de l’homologation. Si nous sommes en T3b sur tous ces modèles, la présence du système ABS permet de faire disparaître la limitation de vitesse à 60 Km/h qu’elle impose. Sur le plan technique, on retrouve 4 freins à disque pour tout le monde avec chez CFMOTO, le choix d’un levier de commande unique placé à la poignée gauche.
En toute logique, nos 3 protagonistes du jour sont équipés d’une assistance de direction électrique. Assistance paramétrable en offrant plusieurs niveaux d’assistance : Min, Med, Max. Cela est vrai pour le CFORCE et le Pathcross. De son côté, le Blade offre bien 3 niveaux avec Min, Max et Off, car à l’image du système ABS, TGB permet de déconnecter l’assistance de direction.

Équipement

Coiffant la gamme quad respective de chaque constructeur, ces 3 machines affichent logiquement un haut niveau d’équipement avec en plus de ceux déjà cités dans les lignes précédentes : des protège-mains, des porte-bagages avant et arrière, un treuil, un siège passager avec poignées de maintien… On trouve cependant quelques différences avec pour CFMOTO et TGB un éclairage « Full LED » quand Aodes propose un éclairage standard. À signaler également sur cette version R du CFORCE 1000, la présence d’un écran tactile de 8 pouces compatible Apple CarPlay ainsi que d’un TBOX, qui permet de disposer de nombreuses informations (localisation, vitesse, état des niveaux…) via une application sur un Smartphone.

LES CFORCE, Blade et Pathcross à l’essai

C’est sur un terrain de jeu que nous connaissons bien maintenant, autour de la concession TLM 89 d’Eric Gaucher, que nous avons décidé de confronter ces 3 gros baroudeurs, très prometteurs sur le papier. Les chemins autour de Tonnerre offrent une belle diversité avec du relief, des chemins de vignes roulants et d’autres plus techniques et sinueux dans les bois, rendus d’ailleurs un peu compliqués avec de nombreux arbres tombés après une tempête survenue ces dernières semaines. Le clou du spectacle fut une carrière privée, avec une belle grimpette. Nous avons effectué une cinquantaine de kilomètres en passant d’une machine à l’autre, ce qui m’a permis de les comparer en ayant en tête les impressions ressenties tout au long de la journée. Plusieurs choses sont ressorties de cette confrontation, avec des points forts, mais également quelques points faibles. Je vais me concentrer exclusivement sur le ressentie du terrain, en vous laissant le soin de vous faire une idée sur l’esthétique. Sur le plan de la performance, le CFORCE est un ton au-dessus de ses concurrents du jour, avec un moteur bicylindre qui arrache les bras sur chaque accélération. Nous ne sommes pourtant pas avares en la matière, mais même mister Eric Gaucher a conclu comme moi en fin de journée que le mode Sport devait être utilisé par intermittence. Les relances sont brutales si bien que dans certaines conditions, le train avant est un peu à la peine, ce qui est nettement moins perceptible en mode « normal », qui convient finalement à tous les usages. Derrière, le Pathcross est plutôt surprenant, avec un moteur plus linéaire mais qui répond présent sur une large plage de régime. De son côté, le TGB est moins brutale, avec un moteur plus rond qui permet de rouler avec un gros rythme tout en restant pleinement exploitable.

Pour ce qui est de la liaison au sol, je pense que la monte pneumatique de 27 pouces du CFMOTO n’est pas le meilleur choix. Certes, on prend de la garde au sol, mais les pneus sont lourds et entrainent une moindre précision du train avant. Dans ce domaine, le TGB avec ses 25 pouces et l’Aodes en 26 pouces se montrent plus agiles et réactif, comme je l’ai constaté dans les enfilades de virages serrés dans les sous-bois. Pas grand-chose à redire sur l’amortissement, qui est très bon sur les 3 machines, avec juste un peu plus de fermeté sur le Pathcross. Sur le plan du freinage, le CFMOTO qui n’est plus équipé que d’une seule poignée à gauche, offre une belle progressivité et un bon mordant, tout comme le Pathcross, qui dispose lui d’un freinage avant arrière séparé aux poignées. Le Blade, avec son système ABS, qui a été sorti de caisse juste pour cet essai, manquait d’un peu de rodage, puisque j’ai constaté au fil des kilomètres que le système gagnait en efficacité. Je vais donc me référer à l’essai que j’ai réalisé à sa sortie avec une machine rodée, qui avait mis en lumière l’efficacité du système ABS, qui rappelons-le, peut être entièrement déconnecté. Ces 3 machines sont confortables et permettent d’envisager une journée de randonnée sans arrière-pensée. L’assistance de direction, paramétrable sur les 3 modèles, assure douceur et précision. La maniabilité est au rendez-vous, avec dans ce domaine un peu moins d’aisance pour le CFORCE, qui doit composer avec cette monte de pneumatiques de 27 pouces. Nous n’avons pas réellement trouvé une zone de franchissement, excepté cette ancienne carrière qui offrait une montée extrêmement raide, coupée par une saignée. Dans cette configuration, nos 3 gros baroudeurs ont pleinement utilisé la puissance et le débattement des suspensions pour parvenir au sommet sans grande difficulté. Assez logiquement, le CFORCE s’est montré un poil plus facile que les deux autres, en profitant de la puissance de son moteur, mais le Blade et le Pathcross ne s’en sont pas laissés compter et tous les deux sont parvenus au sommet, avec une mention particulière pour le Pathcross, avec une sortie très « musclée » d’Arnaud…

Tarifs

La fourchette de tarifs de ce comparatif s’échelonne de 11 690 Euros pour l’Aodes Pathcross (tarif hors frais de transport / montage / immatriculation) jusqu’à 14 490 Euros pour le CFMOTO CFORCE (tarif hors frais de mise en service et immatriculation), alors que le TGB Blade s’intercale avec un prix de 13 990 Euros (tarif hors frais de transport / montage / immatriculation). Des tarifs qui auraient pu être différents pour TGB ET CFMOTO, si ces deux marques avaient décidé d’aligner pour ce comparatif d’autres versions de leurs gros baroudeurs (ndlr : il n’existe qu’une seule version du Pathcross). À titre indicatif, la version S du CFORCE 1000 est proposée à 12 990 Euros, alors que le Blade 1000 de chez TGB est disponible à partir de 9 990 Euros en version LT EPS et 12 290 Euros en version LTX EPS.

En conclusion

Si nous étions en présence de 3 gros baroudeurs de 1000 cm3, nous avions finalement 3 propositions assez différentes. Fort de son étiquette de nouveauté, le CFORCE 1000 s’est affirmé comme une proposition solide sur le segment, en se rapprochant toujours un peu plus des références nord-américaines. Puissant, même parfois trop, le CFORCE, dans cette version R, intègre tout ce qui se fait de mieux en termes de technologie avec une TBox, un écran tactile compatible Apple CarPlay ou encore un système de frein moteur redoutable d’efficacité. Il est aussi le plus onéreux de ce comparatif et n’est pas exempt de quelques points faibles, notamment au niveau de sa monte de pneumatiques que je juge trop importante ou encore au niveau de la calandre, dont le design laisse quelques opportunités de passages à quelques cailloux. Du côté de TGB, le Blade profite de toute l’expérience acquise au fil des années pour proposer un quad d’une grande homogénéité, polyvalent tout en permettant de rouler sur un gros rythme à la demande. Il dispose également d’un système ABS performant, mais qui permet surtout de s’affranchir de la restriction de vitesse à 60 km/h imposée par l’homologation T3b, commune à ces trois modèles. À l’inverse, le Blade a en quelque sorte les défauts de ses qualités, avec un quad qui malgré un restylage récent, reste marqué par le poids des années, avec une machine un peu moins agile dans les conditions les plus sévères. Enfin, avec le Pathcross, Aodes tient un baroudeur qui offre un caractère très dynamique, que ce soit en termes de motorisation que de châssis, avec un amortissement efficace mais un poil ferme. Plutôt facile à prendre en main et à son aise dans toutes les situations, il doit composer avec un design un peu daté et massif, qui n’enlève rien à son efficacité, mais qui marque le pas face à la concurrence. Ces 3 baroudeurs sont de solides et efficaces compagnons de roulage et ils montrent que ces « outsider » sont en mesure d’en offrir beaucoup pour un tarif très compétitif.