Raptor 700 : un monstre sacré

SUCCESS STORY Yamaha RAPTOR (660 puis 700 à partir de 2006)

Le Raptor 700, commercialisé sous la dénomination YFM700R est une légende du catalogue Yamaha. Ce quad sportif sans rival s’est taillé depuis sa sortie en 2006 une solide réputation, en s’imposant comme l’arme absolue en rallye-raid. Il a succédé avec brio au YFM660, qui avait déjà marqué l’histoire de son empreinte.

Le Raptor 660 apparaît sur le marché français en 2001, après avoir été présenté à Pont de Vaux en 2000. C’est le premier quad sport de grosse cylindrée, une sorte de révolution et le seul capable d’épauler le Banshee sur le segment des quads sportifs. Il présente un couple monstrueux, animé par un monocylindre de 659cc à cinq soupapes à refroidissement liquide avec arbre à cames en tête et assisté par une transmission à cinq vitesses. Le constructeur japonais décide d’utiliser un moteur déjà utilisé dans une moto sportive, à savoir la MZ Baghira d’un constructeur est-allemand. Des carburateurs doubles Mikuni de 33 mm sont utilisés en raison des deux soupapes d’admission, ce qui permet un meilleur débit de carburant et d’air qu’un seul gros carburateur pourrait fournir. La taille du moteur rend difficile la conception d’un cadre pour le Raptor. Yamaha doit faire pivoter le moteur vers l’avant en redessinant les boîtiers pour qu’il s’adapte parfaitement au cadre. Ce même manque d’espace signifie que le radiateur du gros alésage doit être placé plus haut à l’avant du cadre juste en dessous du guidon. Les ingénieurs de Yamaha doivent renforcer l’embrayage afin qu’il puisse supporter le poids supplémentaire et la charge de traction de l’essieu et de la deuxième roue arrière du Raptor.

A cette période, trois constructeurs tentent de rivaliser avec le Raptor, à savoir Kawasaki et son KFX700, Honda avec le TRX700 et Can-Am avec le DS650. Aucune de ces machines n’a été capable sur la durée de tenir la cadence et la popularité du Raptor, vraiment unique en son genre. Successeur du Banshee sur le segment des quads sportifs puissants, la carrière du Raptor est lancée. L’YFM660R a réussi à convaincre de nombreux utilisateurs par son caractère moteur très coupleux associé à un châssis léger et vif, couronné par de nombreuses victoires, notamment en rallye raid. Dès 2006, est dévoilé le Raptor 700. Le moteur a été redessiné avec un cylindre en aluminium de plus grand alésage pour 686 cm3 afin de fournir plus de couple, l’injection électronique de carburant a été mise en œuvre via un seul corps de papillon. La carrosserie a été redessinée pour offrir davantage d’agressivité. La suspension a également été mise à jour avec une meilleure géométrie qui a permis à la machine de gagner plus de débattement à l’arrière. Sorti en 2006, le Raptor 700 s’est imposé au fil des années comme le quad sportif impérial en rallye-raid.

Il est indétronable sur le Dakar et domine les épreuves du championnat du monde des rallyes tout-terrain. Il faut dire qu’il n’a pas aujourd’hui et pas vraiment par le passé vraiment de concurrents. C’est l’une des machines les plus excitantes du marché. Si elle n’est aujourd’hui plus homologuée directement par Yamaha, elle reste une référence en matière d’enduro. On ne s’étalera sur l’utilisation qui en est faite dans les cités, en préférant se concentrer sur un usage plus conventionnel. Car le Raptor est un engin orienté vers le sable, les cailloux, la poussière, le dénivelé, en misant sur la performance, le confort, l’efficacité et une suspension hors norme qui lui offre une certaine polyvalence. Dévoilé il y a 16 ans, le Raptor 700 a évolué au fil des ans, avec une série limitée mieux suspendu disposant d’amortisseurs à gaz dès 2008. C’est une machine agile, joueuse, légère, puissante et capable de s’aventurer dans des zones techniques avec brio. C’est un nouveau moteur qui accompagne la sortie du Raptor 700, avec un nouveau bloc cylindre en aluminium gainé d’acier, 4 soupapes à simple arbre à cames en tête et l’injection.

La transmission est assurée par une boîte de vitesses 5 rapports. Les roues indépendantes à l’avant disposent d’amortisseurs réglables sur cinq positions et la suspension arrière avec bras oscillant travaille parfaitement. Ce système est d’une efficacité redoutable pour glisser, sauter et assurer dans la plupart des situations. Il n’a désormais aucun rival capable de suivre le rythme sur des terrains accidentés en rallye-raid, si ce n’est les Can-Am Renegade et Outlander 1000, seules machines étant en mesure de gratter quelques miettes, et ce depuis la disparition du Polaris Outlaw 525 IRS. Yamaha a toujours travaillé pour développer par petites touches son Raptor, qui repose sur un nouveau cadre doté d’un châssis en acier et un sous-châssis en aluminium. Par rapport à celle du 660, la suspension du 700 dispose d’une nouvelle géométrie pour disposer d’une meilleure course d’amortisseur à l’arrière. Les débattements ont été optimisés avec 23,11 cm à l’avant et 24,40 cm à l’arrière, ces évolutions permettant d’avoir une machine maniable, puissante. Au-delà, il y a aussi un look qui fait du Raptor un engin à part. 

En 2009, l’amélioration la plus remarquable est celle apportée à l’afficheur numérique, qui est bien intégré au niveau du capot avant. Il intègre un indicateur de vitesse, un totalisateur partiel double, un compteur kilométrique, des indicateurs de l’heure et de l’état du moteur, en plus d’indicateurs des positions neutre et marche arrière. Autre nouveauté cette fois, des amortisseurs de style « réservoirs superposés » de type SOQI, dont la course a été allongée pour favoriser le confort en conduite sport. Plusieurs modèles du 700 ont été lancés au fil des ans, y compris un modèle de base 700 en 2012 équipé d’amortisseurs réglables en précharge de niveau inférieur. Les séries spéciales ont fleuri au fil des saisons, apportant surtout des changements de coloris.

De son côté, la variante 700R était livré avec des amortisseurs réglables en compression et en rebond, tandis que les séries limitées disposaient de graphismes et de coloris spécifiques, ainsi que des pièces GYTR. En 2013, le Raptor adopte une nouvelle face avant moins singulière mais nettement plus élégante que sa devancière. L’autre changement visible concerne le design plus épuré des garde-boue avant, qui laisse d’avantage d’espace pour les genoux et une plus grande liberté de mouvement. Une fois en selle, cette nouvelle ergonomie s’avère plus spacieuse. Le Raptor abandonne les bonbonnes de gaz séparées et adopte des suspensions à gaz pressurisées directement réglées en usine. Les amateurs de réglage vont devoir revenir sur la version 2012 pour effectuer aux-même leur ajustement. Le freinage est amélioré, grâce au nouvel étrier à deux pistons déjà utilisé sur le YFZ450R de la marque. La construction du châssis a également été modifiée, le cadre hybride en aluminium/acier étant alors équipé d’un gousset supplémentaire augmentant sa rigidité. Au niveau de la carrosserie, le Raptor 2013 n’est plus peint mais traité avec un revêtement en « poudre », lui offrant une meilleure résistance aux rayures. Autres changements, la fourchette de changement de vitesse plus simple et allégée ainsi qu’une évolution de la suspension avec amortisseur à gaz pressurisé entièrement réglable sur la version Special Edition. En 2015, le Raptor connaît d’importantes modifications au niveau du moteur qui permettent non seulement une augmentation de la puissance et du couple, mais aussi une réduction de la consommation de carburant. La puissance est augmentée de 10 %, avec un système d’injection perfectionné, un piston repensé et une culasse modernisée intégrant une chambre de combustion plus compacte permettant une meilleure combustion du mélange carburant/air. Les modèles 2015 sont équipés d’un piston totalement repensé ainsi que d’une culasse modernisée intégrant une chambre de combustion plus compacte. Ce millésime dispose de modifications au niveau du rapport de compression, de l’arbre à cames d’admission, du mécanisme de calage des soupapes. La ligne d’échappement a évolué, avec un nouveau silencieux de forme arrondie semblable à celui utilisé sur le quad de compétition YFZ450R.

En 2015, sur le YFM700R SE, la suspension avant indépendante est dotée d’amortisseurs en aluminium entièrement reconçus. Grâce à de nouveaux réglages, ces amortisseurs légers améliorent le confort et la maniabilité. A l’arrière, est installé un nouvel amortisseur arrière réglable développé par Kayaba. Pour accompagner l’augmentation de puissance du moteur, les modèles 2015 sont équipés de pneus avant de plus grand diamètre (22 pouces contre 21 pouces précédemment). Il va évoluer dans les années suivantes surtout au niveau des coloris, mais sans réelle évolution majeure. Il ne sera jamais détrôné, aucun constructeur n’ayant la volonté d’aller jouer sur son terrain. Ce n’est pas un hasard si le Yamaha YFM700R est devenu la référence absolue en matière de rallye raid. Il concentre toutes les qualités pour une performance optimale. Il est loué pour sa légèreté, son moteur bouillonnant, mais surtout pour sa fiabilité hors norme. Même des machines stock ont réussi à terminer des courses, la base de ce quad étant vraiment solides. Impérial sur circuit, le Raptor peut également surprendre dans les zones de franchissement. Il se montre assez agile pour passer de nombreux obstacles. Le monocylindre de 686 cm3 distille toujours des accélérations bluffantes, compte tenu du poids plume de la machine. Stable, le Raptor brille par sa capacité à transmettre la puissance aux roues. Dans la gamme sportive Yamaha, le 700R se distingue par rapport au 450R par sa polyvalence supérieure. Assez confortable, le Raptor représente un atout remarquable sur des sorties longue distance. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des modèles YFM700R sur des rassemblements type Raid Bleu, qui présentent des terrains assez accidentés et plus de 200 kilomètres à parcourir chaque jour. 

Le millésime 2021 conserve les qualités qui lui ont permis d’atteindre le sommet, à savoir cadre hybride en aluminium/acier robuste et léger, les amortisseurs arrière KYB à cartouche, avec double réglage de la compression et réglage simple de la détente, les grands pneus avant de 22 pouces, la boîte 5 vitesses avec marche arrière, le tableau de bord LED pratique et lisible. Le coloris proposé pour cette nouvelle année, c’est le noir/jaune Yamaha. Aujourd’hui proposé uniquement en version non homologuée autour de 10 000 euros, le Raptor 700 peut désormais être mis en conformité avec la règlementation en passant dans les ateliers de la société Drag’On Distribution d’Axel Dutrie (https://www.dragondistribution.fr). Une homologation qui permet d’exploiter l’une des machines les plus excitantes jamais produites dans notre domaine.

L’AVIS DES EXPERTS

Camélia Liparoti : « Pour moi, le Raptor 700, c’est le compagnon idéal pour les grands raids et les rallyes, le meilleur en rando sportive et en compétition longue durée. Depuis que le roule avec, j’ai fait aux moins deux fois le tour du monde en Raptor 700. A son guidon, j’ai terminé 8 Dakar d’affilée avec toujours la première place en féminin et une 9e place au général. Je suis aussi 6 fois championne du monde féminine en FIM cross-country. Pour moi, ce quad est d’une fiabilité hors normes. Le Raptor est un ami, pas seulement une machine. Il est incontournable, agressif et doux en même temps, avec un couple incroyable qui te sort des situations les plus délicates. Mon meilleur souvenir à son guidon, ce sont les « conversations » avec lui pendant les étapes extrêmes du Dakar en Amérique du Sud, le fait de rouler à 5 000 mètres d’altitude dans la Cordillère des Andes en discutant du manque d’oxygène pour tous les deux, des lamas qui croisent la piste, de paysages et de populations locales qui acclament le « Pink Raptor » ! »

Sébastien Souday : « Le Raptor 700, c’est avant tout une machine fiable et robuste. J’ai rarement eu de casse dans action extérieure, comme des tonneaux, une pierre d’un concurrent, une erreur de pilotage. Je ne sais même plus combien de kilomètres j’ai parcouru à son guidon, mais beaucoup… Ses principaux points forts sont la vitesse de pointe et son confort, c’est un quad qui est plaisant à piloter. Mon meilleur résultat avec un Raptor 700, c’est vice-champion du monde et champion d’Europe. Je tiens à souligner que Rafal Sonik se bat actuellement pour son 10e titre de champion du monde en Raptor ! Pour ma part, je suis sur un Raptor depuis 2005. Est-ce que c’est toujours l’arme ultime pour le rallye-raid ? Aujourd’hui, les choix sont limités au niveau des quads pour le rallye. Au tout départ les quads sont des engins de loisir. Pour arriver à une machine de course, il y a pas mal de travail et avec l’expérience de la préparation nous arrivons vraiment sur une machine différente de celle de départ. C’est un quad vraiment polyvalent. Mon meilleur souvenir avec un Raptor, c’est le jour où j’ai passé l’arrivée au Maroc sans comprendre pourquoi tout le monde venait me voir. J’étais vice-champion du monde, c’était une belle surprise pour moi. »

Christophe Declerck : « Le Raptor est la machine sportive idéale. Pour moi, c’est la référence, une machine puissante à ne pas mettre entre toutes les mains. Un vrai quad avec un arbre rigide qui est fait pour la glisse et la compétition des grands espaces. J’ai eu une dizaine de Raptor 700 depuis que cette machine existe, et j’ai même était le premier à faire le Touquet avec un Raptor 660 cm3, remportant la 1er catégorie 4 temps. Depuis mon premier rallye de Tunisie en 2003, jusqu’à mon dernier Dakar en 2015. J’ai parcouru plus de 50 000 kilomètres au guidon de cette machine, et parfois jusqu’à 12 heures par jour à son guidon sur des étapes du Dakar. Avec cette machine, j’ai gagné 5 fois le rallye de Tunisie, 2 fois le rallye du Maroc, et remporté 5 étapes du Dakar. Et c’est avec cette machine que j’ai remporté la coupe du monde des rallyes raid en 2006. Le Raptor 700 est avant tout une machine fiable et solide. C’est aussi une machine très joueuse quand on sait maîtriser sa puissance. Car même si la cylindrée reste inférieure face à ses concurrents, avec un bon pilotage, le Raptor reste la machine de référence pour les courses de longue haleine. Mais c’est aussi un quad très agréable pour des randonnées un peu sportives. J’ai beaucoup de souvenirs avec mes Raptors : les différents podiums bien sûr, avec première victoire en 2003 sur le rallye de Tunisie et première victoire d’étape sur le Dakar en 2009. Mais ce que je garde en mémoire c’est surtout le plaisir du pilotage dans les grands espaces : des pistes caillouteuses ou grandes dunes, et des différents pays traversés en course, comme la Tunisie, le Maroc, la Turquie, la Roumanie et le continent d’Amérique du Sud. Des souvenirs de pilotage dans des paysages magnifiques qui resteront gravés à jamais dans mon esprit. »

Axel Dutrie porte plusieurs casquettes, celui de pilote sur Yamaha Raptor 700 ou 450R, mais aussi celle de patron de la société Drag’On Distribution, qui s’occupe actuellement de l’homologation des YFM700R en France.