La course à la puissance entre les constructeurs de SSV sportifs bat son plein entre Polaris et Can-Am, qui chaque année proposent des engins toujours plus puissants. Cette année, Can-Am a dégainé une bête de compétition avec le Maverick X rs Turbo RR de 195 chevaux !!! Il ne va pas être simple pour ses rivaux de déloger ce SSV canadien des premières places.
Texte : Sébastien Soulié – Photos : Sébastien Plé
Un engin de course… Le Can-Am Maverick Xrs Turbo RR en est assurément un ! S’il lui manque certains éléments pour pouvoir être engagé officiellement au départ d’une épreuve (arceau homologué FFSA, extincteur…), il s’impose comme une base extrêmement sérieuse. A commencer par son moteur 3 cylindres Rotax de 195 chevaux… C’est le point central de cette machine, avec un bloc qui a évolué sur de nombreux points comme sur la capacité de refroidissement, avec l’adoption d’un nouveau turbocompresseur, d’un nouvel échangeur thermique et d’une boîte à air de plus grande capacité pour ne citer qu’eux. Ce moteur est associé avec une transmission par variateur baptisée QRS-X. Elle a été calibrée de sorte à offrir une réponse instantanée au niveau de l’accélération. Autre évolution, celle concernant l’adoption d’une courroie d’entraînement plus résistante, associée avec un système de poulies à 3 rouleaux. De nombreux points de détails ont été améliorés pour apporter toujours plus d’efficacité et de performances à ce SSV, qui était parti sur des bases élevés depuis le lancement du X3.
Cette déclinaison 2020 du Turbo RR ne passe pas inaperçue avec son mètre 83 m de large, 3m35 de long, 40 cm de garde au sol, son look diabolique, ses longs amortisseurs, son éclairage LED… Dans cette version Xrs, Can-Am a apporté des touches de couleur pour rendre la machine encore plus marquante, avec du gris et du vert Manta. Un coup d’œil à l’intérieur renforce l’impression « racing », avec des sièges baquets, une assise placée bas, des harnais 4 points, des demi-portes, un arceau proéminent… On n’est pas là en présence d’un simple véhicule de loisir. Une fois installé, on se sent immédiatement à l’aise dans cet habitacle. Quel que soit la taille du pilote, il est possible d’ajuster la position du volant et du siège sur plusieurs directions : 25° pour le volant et 4 positions pour le siège. Précâblé, cet habitacle peut être accessoirisé de nombreux éléments, pour renforcer les aspects pratiques ou encore pour apporter une touche fun, avec l’intégration d’un système sonore optionnel.
Là où le Xrs fait également très fort, c’est au niveau de la suspension. Ce SSV sportif dispose d’amortisseurs Fox, version 2.5 Podium RC2 à l’avant et des versions 3.0 Podium RC2 pour l’arrière. De l’aveu même des ingénieurs canadiens, la suspension TTX à quatre bras est inspirée des Trophy Truck avec de gros débattements. Ce dispositif a été imaginé de sorte à contrôler le carrossage en maintenant une géométrie optimale. L’idée pour les ingénieurs est de renforcer la motricité, en favorisant le transfert de la puissance des roues vers le sol. Il peut également s’appuyer sur la technologie Smart-Lok, qui permet de s’affranchir de nombreux obstacles. D’autant plus avec un différentiel avant qui permet un blocage complet. Plusieurs possibilités de réglage sont offertes pour permettre au pilote de sélectionner le mode le mieux adapté au terrain et à son style de pilotage. Le mode Smart gère par exemple la bonne intensité au niveau du blocage de manière automatique. Au-delà, c’est bien la part humaine qui doit gérer les trajectoires, le pilotage, les freinages sur cet engin hors norme, qui repousse les limites jusqu’alors connues en matière de SSV de série.
14 pouces en fonte d’aluminium avec anneau de retenue chaussent des pneus Maxxis Bighorn 2.0 de 30 pouces. 4 – Les amortisseurs Fox sont sans aucun doute le point central de l’efficacité du Maverick XRS.
Place à l’action
Des kilomètres en SSV, nous en avons effectués des milliers. Et pourtant, il faut bien reconnaître que ceux parcourus avec ce Maverick Turbo RR X rs ont semblé bien courts. Et d’une intensité rare. C’est sur un terrain privé du côté de Digne les Bains, que nous avons pu mettre à l’essai ce modèle de course. L’ancien pilote de championnat de France sur terre Jean- Louis Borel était présent à nos côtés pour cet essai grandeur nature. Il connaît parfaitement la machine et la moindre de ses réactions. Pour lui, « le véhicule est très sain et offre des performances exceptionnelles ». Les accélérations sont sidérantes et il faut un sérieux coup de volant pour exploiter cette machine. Le faire à 100 % requiert des années de pratique et de confiance. Un sérieux bagage technique est en effet indispensable avec ce genre de machine, qui accélère avec rage et ne semble pas avoir de limite. On saute d’un virage à l’autre en un éclair. Pour Jean-Louis Borel, cela semble un jeu d’enfant, même si l’on perçoit une grande concentration dans le regard. L’excellent châssis ne bronche pas, parfaitement associé à une suspension de très haut niveau. Les grands débattements permettent en effet d’être très à l’aise dans les zones techniques, mais permet également de briller sur la piste. Il suffit d’adopter le bon réglage des amortisseurs et de presser l’accélérateur.
Très large avec son mètre 85, il est parfaitement stable. Ce n’est évidemment pas si simple, contrôler un tel bolide n’étant pas donné à tout le monde, surtout quand il y a un précipice à gauche, une falaise à droite… La piste de 6-7 mètres de large paraît bien étroite. Surtout qu’elle est creusée d’ornières, ciselées par un hiver rigoureux. Dans une descente vraiment raide, on prend conscience de l’efficacité de la suspension qui encaisse tout, les trous, les bosses. La direction est précise et directive, le train avant très précis. Au freinage, le Turbo RR ne pique pas trop du nez, de sorte que l’équilibre reste de mise. On peut directement enchaîner sans temps mort. Il faut d’ailleurs avoir un coup d’avance au volant d’un tel bolide, anticiper, savoir réagir en un millième de seconde, pour corriger une trajectoire, éviter un gros rocher tapi dans l’ombre. Mais quel régal de piloter un tel engin. Difficile de résister à cet appel à cette montée d’adrénaline. On se dit parfois que l’on touche du doigt certaines limites. Pour Jean-Louis Borel, il reste encore de la marge… Ils ne sont pas nombreux désormais à pouvoir dire la même chose. Vendu 30 499 €, le Can-Am Maverick X rs Turbo RR est véritablement un engin d’exception. S’il se destine à un usage en compétition, il saura être également un compagnon de luxe pour effectuer des raids dans le désert à l’étranger, sachant qu’il n’est pas homologué pour rouler en France sur routes et chemins ouverts à la circulation. C’est d’ailleurs là la seule limite d’une machine qui s’impose d’ores et déjà comme un engin irrésistible dans le paysage des sports mécaniques. Le style de machine comme on aimerait en voir plus souvent et qui fait naître des vocations…
LES PLUS | LES MOINS |
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+ Performance | – Visibilité vers l’arrière quasi nulle |
+ Châssis exceptionnel | – Pas d’homologation « officielle » |
+ Qualité de fabrication | – Pilotage pointu |